Vieille église (aquarelle de 1902)

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'église se dressait au milieu du cimetière à l'entrée duquel se trouve toujours Serorategia, la maison de la benoîte. Selon E. Goyheneche, l'église datait du XVIIe siècle. A partir de 1852, son état de délabrement inquiète le conseil de Fabrique et le Conseil Municipal. Plusieurs délibérations constatent que le coût des réparations dépassent les moyens du village. Les dégradations irréparables entraînent sa fermeture en 1884. Le lieu de culte est transféré dans la maison Aldaya située sur La Place. Cette maison qui portera les cloches sur ses pignons jusqu'en 1932 et le terrain qui l'entoure, firent l'objet d'une donation des frères Jean (Curé de Gréciette) et Martin Ithury. En 1892, la construction de l'église commença sur ce terrain. Le financement provenant en partie d'une souscription et de la vente du retable et des galeries de l'ancienne église, ne fut pas suffisant pour la doter d'un clocher qui ne fut édifié qu'en 1931.

 

La création au XVIIIe siècle du petit séminaire de Larressore a été un fait marquant pour le village et le Pays Basque. L'histoire de son fondateur, l'abbé Jean Daguerre (Larressore : 23 avril 1703-25 février 1785) a été largement décrite dans un ouvrage de l'abbé C. Duvoisin publié en 1861 : "Vie de M. Daguerre, fondateur du séminaire de Larressore". Au début du XVIIIe siècle le diocèse de Bayonne était, selon l'abbé C. Duvoisin : "en proie à l'ignorance, à la dissolution des moeurs et au fléau du .Jansénisme ".

Le renouveau sera donné sous l'impulsion de Jean Daguerre, fils de Jean Daguerre notaire royal et de Marie Darquie. Le futur abbé fit ses études au collège des Jésuites de Bordeaux. Nommé vicaire à Anglet, il dut cesser ses activités à la suite d'une maladie. Pendant sa convalescence .- "il mûrit le dessein de travailler à la réformation des moeurs de ses compatriotes ". Il commença à enseigner dans sa maison natale d'Hirigoina de Larressore, à Cambo, puis au prieuré de Dendarieta de Larressore. Les pressions pour construire un séminaire à Cambo furent fortes mais une assemblée capitulaire du village le 29 avril 1733, décida sa construction à Larressore. L'abbé Daguerre accepta l'offre généreuse et le village entreprit la construction du séminaire. Devant les difficultés de financement, l'abbé partit en 1736 à Paris et obtint le soutien de Louis d'Orléans, prince du sang. En 1739 il ouvrit avec l'accord de l'évêque de Bayonne les portes du séminaire. Le collège se développa rapidement et le succès des missionnaires formés à Larressore fut retentissant. Les difficultés financières toujours présentes, l'abbé se rendit à Paris en 1761 et obtint les lettres patentes de confirmation et des subsides qui lui permirent d'ajouter une autre aile aux bâtiments et à la chapelle. A sa mort en 1785, l'abbé Duhalde le remplaça. Il dut fermer le séminaire en 1792 qui devint propriété de l'Etat et servit d'hôpital aux soldats de la République et de l'Empire.

En 1820, l'abbé Sabarots curé de Larressore parvint à racheter le séminaire et en 1828, une nouvelle chapelle baroque fut construite. Tout au long du XIXe siècle l'enseignement fut florissant et ce rayonnement se prolongea jusqu'à sa fermeture le 18 décembre 1906 par la force publique, en application de la loi de 1905.

Pendant la guerre de 1914-1918, il devint hôpital militaire sous les ordres du médecin Jacquemin et de Mme Louis Barthou. Il fut transformé en sanatorium, puis en hôpital médico-psychiatrique et fermé définitivement le 31 décembre 1994.

De la protohistoire à l'an mille

 

Peinture rupestre

 

Au croisement de voies anciennes de passage : celles empruntant les bassin de la Nive et du Latsa dans les directions nord-sud, et celles reliant les vallées de l'Aran, de la Nive et de la Nivelle dans les directions ouest-est, Larressore est un carrefour naturel du Labourd intérieur.

 

un seul vestige, le site de Pekatenborda,

Statue de l'an 1000

 

Identifié et décrit en 1977 par le général Gaudeul, ce site daterait de l'âge du fer. Il aurait été constitué de deux enceintes concentriques en terre, entourant la partie sommitale. Des silex taillés et une pointe de flèche y ont été recueillis. Non loin de là, sur la colline  surplombant Ospitalia, des briques à rebords utilisées par les Romains pour la couverture des édifices, auraient été découvertes en 1846. De ces deux éléments, l'implantation d'un habitat est fort probable, en accord avec ce qui est connu du Labourd lors de ces périodes : sites pré et protohistoriques, pierre d'Hasparren, édification de Lapurdum.

 

SUITE : XIe au XVIe siècle

 

population, habitat, ressources et exploitations agricoles, autres activités,

Four de tuilier enterréLe nombre d'habitants passe de 850 en 1618 à 635 en 1820 et 612 en 1906. De 170 maisons en 1650 on passe à 158 en 1810 et à 122 en 1905. Au fil du temps le village s'est dépeuplé, suivant ainsi l'évolution générale de la France. Les ressources agricoles n'assuraient pas l'autonomie alimentaire. En 1852 le déficit est de 200 hectolitres de froment et de 1 168 de maïs, pour des besoins de 1 830 hectolitres de froment et de 2 150 de maïs. Sur les 10 16 hectares de la commune, 300 sont cultivés (champs céréaliers : 196 ha., prairies : 76, vignes : 22), 160 hectares sont des bois, le reste est constitué de landes et de pacages. Chacune des 135 fermes disposait en moyenne de 1,3 ha. de champs céréaliers, 0,57 ha. de prairies, 3 à 4 bovins, 1 à 2 porcs, 3 à 4 ovins. Les autres activités se répartissaient dans les métiers de maçons, charpentiers, forgerons pour les hommes et le tissage pour les femmes qui fut une des origines  de l'artisanat du makhila. Une activité de tuiliers qui cessa en 1905, caractérisait le village. De 1755 à 1835 une cinquantaine d'hommes fabriquaient des tuiles soit dans le village, soit pour un quart d'entre eux en Espagne, dans les Landes ou le Gers.

 

le commerce fluvial sur la Nive et le port d'échouage de Larressore,

Maquette exposée au musée de Conflant Sainte HonorineLarressore se trouvait sur la voie commerciale Bayonne-Pampelune. Les chemins du Labourd étant détestables, les marchandises transitaient sur la Nive jusqu'à Ustaritz pour les gabares et jusqu'à Larressore et Cambo pour les chalands de moindre capacité. Ensuite les marchandises étaient transportées vers Pampelune par attelages ou mulets. Le 26 octobre 1507, Petry Detcheuerry batelier de Larressorre doit céder deux pipes de cidre à la ville de Bayonne pour n'avoir pas payé la taxe du congé. En 1775, Jean Detcheverry est nommé procureur-syndic des bateliers de la Nive. Au XIXe siècle, il y a trois à quatre bateliers à Larressore. Le port se trouvait au quartier Portuita, en contrebas de l'église et du cimetière qui l'entourait.

 

les échos des grands bouleversements nationaux

Portrait Général DarmagnacDansla seconde moitié du XVIIIe siècle, R. Poupel relève cinq abandons d'enfants. C'est aussi à cette époque que l'ordre ancien se désagrège. Le 17 juillet 1782, l'héritière de la famille noble des Saint-Martin, criblée de dettes par son fils, vend château, terres, moulins, droits et privilèges à Pierre Diesse, négociant à Hendaye. Au cours de la Révolution de 1789, il y eut quelques exactions à Larresore dont la plus notable fut la déportation de certains habitants dans les Landes, bien que la commune ne fut pas déclarée "infâme". Lors de la retraite en 1813 des armées napoléoniennes le village fut pillé le 9 juillet par les troupes du général Darmagnac. Il vit passer la division Stewart de l'armée de Wellington en décembre 1913, un bataillon portugais y prit ses quartiers. Au cours du XIXe siècle, les lieux de pouvoir : mairie et église, furent définitivement fixés aux emplacements actuels. Cinq maires conduisirent avec sagesse et pondération l'arrivée du progrès matériel et la mise en place de l'instruction scolaire pour tous et toutes.

 

Cent dix maisons encore habitées de nos jours, datent d'avant 1780. L'architecture et la présentation extérieure traditionnelle en ont été conservées. Elles sont les témoins de leur reconstruction en galets et argile aux XVIIe. et XVIIIe. siècles, après les ravages des guerres franco-espagnoles du XVIe. Elles sont généralement composées de deux travées séparées par un mur de refend, de 7 m. de large et de 14 m. de long donnant une emprise au sol de 14m. sur 14m. Les coins de ce carré de base sont à peu près dans la direction des quatre points cardinaux. Le pignon sud-est à l'abri des vents et pluies dominants du secteur ouest, reçoit accès et ouvertures et à l'étage, les fenêtres ménagées dans des pans de bois. Ne pouvant citer toutes les maisons anciennes, on se limitera  à celles évoquées dans des documents attestés. En premier lieu Donarnartienea, château de la maison noble des Saint-Martin, qualifiée de maison forte se situe à proximité du centre actuel, au-dessus du cimetière où se trouve Serorategia, la maison de la benoîte. En continuant vers la Place de la Mairie et de l'Eglise, on trouvera Arretxea et Karrikahiriartia, puis Intzagaraia qui abrite la Mairie et la Poste. En face Dendarieta fut en 1669 un prieuré avec chapelle dans le plus petit corps des trois bâtiments. Hirigoina maison natale de l'abbé Daguerre est au bout de la rue de Dendarieta. Près du fronton et en face de celui-ci Landaldia, puis Iturriena. Aux extrémités nord et sud du territoire communal se situent Ospitalia et Harrieta qui furent toute deux maisons infançonnes.

Jusqu'au milieu du XXe. siècle ces maisons étaient en grande majorité des exploitations agricoles et abritaient sous le même toit hommes, bêtes et matériels. A l'aube du XXIe. siècle, une dizaine de fermes subsiste. Depuis sa création, l'activité principale du village bien que consacrée à l'agriculture et à l'élevage s'accompagnait d'artisanats d'appoint exercés soit par le maure de maison, soit par les autres membres de la famille. Tissage du lin pour les femmes, métiers du bâtiment pour les hommes en étaient les principaux sans oublier forgerons, meuniers, bateliers. Deux artisanats spécifiques sont à citer. Celui de tuiliers attesté depuis 1740 et qui se termina au début du XXe. siècle, occupa de 1,755 à 1835 un quart des hommes actifs soit une cinquantaine, dont une vingtaine quittait le village pour travailler en Espagne, dans les Landes ou le Gers. Celui du makila dont la fabrication se mêlait à l'origine à celle de l'outillage du tissage : quenouilles, rouets que la famille Anciart-Bergara assurait bien avant 1789. Elle s'est heureusement perpétuée jusqu'à nos jours par leurs descendants.

 

La période qui commence en l'an mille verra la constitution de la paroisse dénommée Sancti Martini de Riberalonga dans les documents du XIIIe siècle, regroupant Larressore et Halsou dont les noms apparaissent dans une charte épiscopale de 1510. Entre ces deux dates, le vicomté du Labourd qui inclut Larressore, dépendra successivement du royaume de Navarre de 1032 à 1122, du duché d'Aquitaine, du royaume d'Angleterre de 1154 à 1451, et, à partir de 1451 du royaume de France. Mais ces six siècles seront marqués dès le début par le grand mouvement religieux du pèlerinage de Saint-Jacques, dont la maison Ospitalla en porte sans doute témoignage.

 

les chemins de Saint-Jacques ou la multitude qui traverse les Pyrénées à partir du XIe siècle,

Pélerin sur le chemin de Saint Jacques de CompostelleA Bayonne, les pèlerins arrivaient soit par la mer des Flandres soit par la route des Landes. Ils en repartaient par au moins quatre itinéraires dont celui qui empruntait la Nive vers Ustaritz. Larressore en raison de sa position centrale dans le Labourd intérieur était concerné par le passage des pèlerins. Domingo de Hospitali est cité en 1256 dans le "Livre d'Or" de Bayonne comme témoin, attestant la présence d'une maison Ospitalla à Larressore qui devait dépendre des Prémontrés installés à Lahonce et Urdax.

 

Sancti Martini de Riberalonga paroisse attestée dans la première moitié du XIIIe siècle,

Thibaud Ier de NavarreDans le "Livre d'Or" de la cathédrale de Bayonne, un acte concernant un emprunt d'Arnaud de Garro marié à l'héritière de Saint-Martin vers 1230, engage la dîme de Ribeirelongua. Après le raid de ses troupes en 1245, Thibaud I de Navarre fait relever par deux "taxeurs jurés" les pertes subies par les paroisses du Labourd. Pour Sancti Martini de Riberalonga, neuf maisons endommagées sont citées : Aldaya, Haritzpia, Hirigoinia, Hiriartia, Landaldia, Loketa, Uhaldea, Garatea et Narbaitz. Cinq d'entre elles portent encore ces noms du XIlle siècle. La réalité d'un habitat constitué en paroisse à Halsou et Larressore est ainsi attestée.

 

maison noble et moulins de Larressore,

Maison infançonne  La maison noble de Saint-Martin est mentionnée de 1120 à 1257 dans les ouvrages de l'abbé Pierre Haristoy. Les seigneurs de Saint-Martin de Larressore figurent au ban et à l'arrière-ban du Labourd en 1556 et en 1573. Deux transactions notariales de mars 1554 entre la famille de Saint-Martin et les députés de la paroisse établissent les conditions de propriété et d'usage sur deux moulins : l'un sur le Latsa dit de Douphabe appartenant aux Saint-Martin, l'autre à construire sur la Nive par la paroisse, appelé Eiherazahara.

 

création de la paroisse d'Halsou séparée de celle de Sancti Martini de Ripera Longa par charte épiscopale du 28 août 1510,

Eglise d'Halsou

Les paroissiens d'Halsou couraient de graves dangers en traversant la Nive lors des crues qui empêchaient également les prêtres de se rendre à Halsou pour les derniers sacrements. La fille de la maison noble d'Uhaldea s'y serait noyée. Ses parents édifièrent une chapelle à Halsou en 1506 et demandèrent la création d'une paroisse à l'évêque de Bayonne, Bertrand de Lahet. L'évêque accéda à cette demande et obtint de l'abbé du monastère d'Urdax, Jean de Saint-Martin, curé de Sancti Martini de Ribera Longa qu'il renonce à ses droits sur la cure d'Halsou. Après deux actes notariés, la charte fut signée à Bayonne le 28 août 1510.

 

SUITE : du XVIIe eu XIXe siècle

 

Larressore, une commune en position centrale dans le piémont du Labourd intérieur,
Située au sud des massifs primaires du Mondarrain et de l'Atxulegui, la commune de Larressore s'étend d'ouest en est sur la vallée de la Nive et celle du Latsa, affluent de la Nive. Ces deux cours d'eau coulent au pied de deux plateaux dont l'altitude varie de 60 à 115 mètres. De forme oblongue, le territoire de la commune touche au sud-est Cambo, au sud Itxassou, du sud-ouest au nord-ouest Espelette, au nord Ustaritz et à l'Est Jatxou et Halsou. Les limites de la commune ont un périmètre de 15 km. entourant une surface de 1 076 hectares. Elles se confondent avec la Nive et les ruisseaux qui s'y déversent. Seul le Latsa de direction nord-sud partage la commune en deux, à l'Est le plateau d'Intalatzia où prédominent prairies et cultures, à l'ouest le plateau de Kaskoinkarrika où bois et pacages sont majoritaires. Cette configuration des activités agricoles et pastorales est probablement à l'origine du nom du village : Larre Soro, lande et prairie en basque. Ce partage se retrouve dans l'habitat ancien concentré sur le plateau d'Intalatzia.

Illustration de Flischau soubassement géologique plusieurs fois remodelé jusqu'au quaternaire récent,
Sous le terrain actuel se retrouve la Zone de "flysch" commune à toute la pénéplaine labourdine. Elle date de la fin du secondaire et a été modelée lors de la surrection pyrénéenne au cours du tertiaire. Ce soubassement est recouvert de cailloutis, galets, graviers, sables et limons, résultant de l'érosion des massifs pyrénéens proches. Les grès, quartzites et schistes du primaire y sont prédominants. Les glaciations successives du quaternaire récent ont amplifié les creusements des vallées des divers cours d'eau dont celles de la Nive et du Latsa. Les terrasses alluviales ainsi créées, ont été exploitées pour en extraire des matériaux de construction : argile, galets et graviers de grès et de quartzite.

au climat océanique tempéré, ponctué de précipitations orageuses parfois dévastatrices,
Les précipitations sont en moyenne de 1 600 mm. par an. Souvent orageuses, elles peuvent atteindre des débits dont l'évacuation vers l'océan peut être contrariée par des marées hautes de fort coefficient. Le 15 août 1850, trois ponts furent emportés par la crue du Latsa.
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